LE MYSTERE EGYPTIEN
Article du journal Le Democrate
Lors d’une autre visite du journaliste au temple des mystiques orientaux, il fut accueilli par M. Richmond, qui manifestement l’attendait.<
Que souhaitez-vous faire ce soir? S’enquit le professeur.
Je voudrais, répondit le journaliste, être témoin des phénomènes occultes dont j’ai lu les récits dans d’autres journaux; notament le mystère des cartes égyptiennes que vous avez fait en public à plusieurs reprises.
Avant de vous montrer ces mystères, dit le professeur, permettez-moi de vous donner un aperçu de l’histoire des cartes. En général, la seule mention des cartes à jouer met un ricanement sur le visage de la plupart des gens, qui les associent tout de suite aux salles de jeux, à l’alcool, aux heures tardives, aux tricheurs, et au passe-temps.
(…) Mais, d’un autre côté, demandez à ceux qui ont le plus à faire avec les cartes, et vous constaterez que sans rien connaître de leur philosophie, chacun est convaincu que certaines cartes portent chance ou malchance ou qu’ils ont une carte particulère qui leur porte bonheur…
Mais nous allons maintenant faire quelques travaux pratiques, qui illustreront mieux les pouvoirs occultes des cartes que ne le feraient cent pages d’argumentation, dit le professeur en regardant sa montre.
Veuillez s’il vous plait, mettre cette lettre dans votre poche, et examinez cette paire de dés et ce paquet de cartes. Ce sont les cartes les plus ordinaires qui soient que l’on trouve vendues dans les magasins. Je vais vous montrer que tout ce qui advient est soumis à une loi mathématique stricte, et que pas un moineau ne tombe, ni même un de ces petits cubes en os, qui ne soit déterminé par ces lois divines.
Mélangez bien ces cartes pendant une minute, et lorsque cette aiguille revient sur la minute paire, coupez le paquet. Prenez maintenant les quatre cartes du dessus, et distribuez-les dans l’une des maisons du zodiaque, ici, sur l’autel, et continuez ainsi au hasard jusqu’à ce que vous ayez placé quatre cartes dans chaque signe du zodiaque, et une pile au centre, qui représente le soleil.
Le journaliste effectua cette opération comme demandé, sans que M. Richmond ait touché une seule carte.
Maintenant, quand je donnerai le signal, vous lancerez ces dés après les avoir bien secoués, et quel que soit le nombre que vous obtiendrez, prenez les cartes correspondant au signe indiqué.
Le journaliste plaça les dés dans un gobelet en verre, et après les avoir secoués pendant une quinzaine de secondes, les jeta sur la nappe de l’autel. Ils obtint un trois et un deux, qui font cinq. Sur quoi il prit les quatre cartes trouvées dans le signe du Lion, la cinquième maison du zodiaque. C’était le cinq de cœur, le cinq de trèfle, le sept de pique et la Dame de carreau.
Voici la règle par laquelle j’ai trouvé les cartes que vous tireriez ce soir, et vous pouvez la copier, si vous le souhaitez. Vous pouvez, en vous basant sur le moment auquel cela a été fait, trouver exactement les cartes que vous avez piochées; mais pour éviter tout risque de fraude, je vous demanderai de lire la lettre que je vous ai remise, qui fut écrite par moi hier.
Le journaliste tira la lettre de sa poche, en brisa le sceau et lu ce qui suit:
Grand Rapids, le 23 avril 1890
Je découvre par mon étude des planètes régissant la personne dont j’ai devant moi l’heure de naissance, qu’elle viendra dans ce temple demain soir entre 7 et 8 heures.
Je trouve que si je lui fais exécuter le mystère égyptien de la douzième maison à exactement 9h15 pour la coupe et 9h19 pour le lancer, elle obtiendra les emblèmes suivants: Dame de Carreau, cinq de cœur, cinq de Trèfle et sept de pique, comme indiqué à la page 84 des cartes astrales de la quadrature.
Olney H Richmond
Le journaliste était complètement abasourdi. Bien qu’il eût dans une certaine mesure été préparé à de merveilleuses manifestations, il ne l’avait pas vraiment cru possible.
Deux autres mystères ont ensuite été exécutés, le journaliste effectuant lui-même le travail mathématique, mais tous les détails sont trop longs à insérer dans cet article. (…)